24 décembre 2013

Du Pape François 20/12/2013

Le silence est gardien du mystère

    Dans l’histoire du salut, ce n’est ni le vacarme, ni le mode théâtral qui sont les lieux où Dieu a choisi de se manifester à l’homme, mais bien l’ombre et le silence. Ils offrent les confins évanescents à partir desquels son mystère a pris progressivement une forme visible, a pris chair. C’est ce que nous dit cette phrase de l’Évangile de ce jour qui nous parle tellement : « La puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ». Cette ombre nous rappelle la nuée avec laquelle Dieu avait protégé les Hébreux dans le désert : au fond, c’est comme si elles étaient faites de la même substance.
    Toujours, le Seigneur a eu soin du mystère et il a caché le mystère. Il n’a pas donné de la publicité au mystère : un mystère qui fait sa propre publicité n’est pas chrétien. Ce n’est pas le mystère de Dieu, c’est un faux mystère. Quand la Vierge a reçu son Fils, le mystère de sa maternité virginale est caché, et il reste caché toute sa vie ! Mais Elle le connaissait. Cette ombre de Dieu dans notre vie nous aide à cacher notre mystère, le mystère de notre rencontre avec le Seigneur, le mystère de notre chemin de vie avec le Seigneur.
    Nous ne savons pas - aucun de nous - comment le Seigneur agit mystérieusement dans notre cœur, dans notre âme. Et quelle est la nuée, la puissance par laquelle l’Esprit Saint cache notre mystère ? Cette nuée en nous, dans notre vie, s’appelle le silence : le silence est vraiment la nuée qui cache le mystère de notre relation au Seigneur, de notre sainteté et de nos péchés. C’est un mystère que nous ne pouvons pas expliquer, mais quand il n’y a pas de silence dans notre vie, le mystère se perd, il s’en va. Il faut garder le mystère par le silence. Là est la nuée, la puissance que Dieu déploie pour nous, la force de l’Esprit Saint.
    La Mère de Jésus a été la parfaite icône du silence, depuis l’annonce de son exceptionnelle maternité, jusqu’au Calvaire. Je pense au nombre de fois où elle s’est tue, et au nombre de fois où elle n’a pas dit ce qu’elle ressentait pour garder le mystère de sa relation à son Fils. Et pour finir, le silence le plus ardu, au pied de la Croix.
    L’Évangile ne nous dit pas si elle a prononcé une parole ou non… Elle était silencieuse. Mais dans son cœur, que de choses elle disait au Seigneur : Ce jour où Tu m’as dit - c’est ce que nous venons de lire - qu’il serait grand. Tu m’as dit que Tu lui avais donné le trône de David son père, qu’il règnerait pour toujours. Et maintenant, je le vois là ! La Vierge était humaine, et peut-être avait-elle envie de dire : Mensonges ! J’ai été trompée ! Jean Paul II l’a dit, en parlant de la Vierge à ce moment-là. Mais elle, elle a recouvert de silence le mystère qu’elle ne comprenait pas, et par ce silence, elle a permis que ce mystère puisse croître et fleurir en espérance.
    Paul VI, lors de son voyage à Nazareth en 1964, nous disait à tous que nous devions renouveler, renforcer, fortifier le silence, parce que le silence est gardien du mystère. Le mystère de notre relation avec Dieu, de notre salut, ne peut pas être mis à l’air libre, divulgué.
    Que le Seigneur nous donne à tous la grâce d’aimer le silence, de le rechercher, et d’avoir un cœur que garde la nuée du silence. Et ainsi, le mystère qui grandit en nous portera de nombreux fruits.



Homélie du vendredi 20 décembre 2013 (Is 7, 10-16 ; Lc 1, 26-38)


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.