Le silence
est gardien du mystère
Dans
l’histoire du salut, ce n’est ni le vacarme, ni le mode théâtral
qui sont les lieux où Dieu a choisi de se manifester à l’homme,
mais bien l’ombre et le silence. Ils offrent les confins
évanescents à partir desquels son mystère a pris progressivement
une forme visible, a pris chair. C’est ce que nous dit cette phrase
de l’Évangile de ce jour qui nous parle tellement : « La
puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ». Cette
ombre nous rappelle la nuée avec laquelle Dieu avait protégé les
Hébreux dans le désert : au fond, c’est comme si elles
étaient faites de la même substance.
Toujours, le
Seigneur a eu soin du mystère et il a caché le mystère. Il n’a
pas donné de la publicité au mystère : un mystère qui fait
sa propre publicité n’est pas chrétien. Ce n’est pas le mystère
de Dieu, c’est un faux mystère. Quand la Vierge a reçu son Fils,
le mystère de sa maternité virginale est caché, et il reste caché
toute sa vie ! Mais Elle le connaissait. Cette ombre de Dieu
dans notre vie nous aide à cacher notre mystère, le mystère de
notre rencontre avec le Seigneur, le mystère de notre chemin de vie
avec le Seigneur.
Nous ne
savons pas - aucun de nous - comment le Seigneur agit mystérieusement
dans notre cœur, dans notre âme. Et quelle est la nuée, la
puissance par laquelle l’Esprit Saint cache notre mystère ?
Cette nuée en nous, dans notre vie, s’appelle le silence : le
silence est vraiment la nuée qui cache le mystère de notre relation
au Seigneur, de notre sainteté et de nos péchés. C’est un
mystère que nous ne pouvons pas expliquer, mais quand il n’y a pas
de silence dans notre vie, le mystère se perd, il s’en va. Il faut
garder le mystère par le silence. Là est la nuée, la puissance que
Dieu déploie pour nous, la force de l’Esprit Saint.
La Mère de
Jésus a été la parfaite icône du silence, depuis l’annonce de
son exceptionnelle maternité, jusqu’au Calvaire. Je pense au
nombre de fois où elle s’est tue, et au nombre de fois où elle
n’a pas dit ce qu’elle ressentait pour garder le mystère de sa
relation à son Fils. Et pour finir, le silence le plus ardu, au pied
de la Croix.
L’Évangile
ne nous dit pas si elle a prononcé une parole ou non… Elle était
silencieuse. Mais dans son cœur, que de choses elle disait au
Seigneur : Ce jour où Tu m’as dit - c’est ce que nous
venons de lire - qu’il serait grand. Tu m’as dit que Tu lui avais
donné le trône de David son père, qu’il règnerait pour
toujours. Et maintenant, je le vois là ! La Vierge était
humaine, et peut-être avait-elle envie de dire : Mensonges !
J’ai été trompée ! Jean Paul II l’a dit, en parlant de la
Vierge à ce moment-là. Mais elle, elle a recouvert de silence le
mystère qu’elle ne comprenait pas, et par ce silence, elle a
permis que ce mystère puisse croître et fleurir en espérance.
Paul VI,
lors de son voyage à Nazareth en 1964, nous disait à tous que nous
devions renouveler, renforcer, fortifier le silence, parce que le
silence est gardien du mystère. Le
mystère de notre relation avec Dieu, de notre salut, ne peut pas
être mis à l’air libre, divulgué.
Que le
Seigneur nous donne à tous la grâce d’aimer le silence, de le
rechercher, et d’avoir un cœur que garde la nuée du silence. Et
ainsi, le mystère qui grandit en nous portera de nombreux fruits.
Homélie du
vendredi 20 décembre 2013 (Is 7, 10-16 ; Lc 1, 26-38)
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