27 janvier 2014

Du Pape François 24/01/2014

Un pont plutôt qu’un mur…
Je me brise, mais je ne plie pas, affirme une certaine sagesse populaire. Je me plie pour ne pas me briser, suggère la sagesse chrétienne : deux façons de voir la vie.
Hier, en écoutant la parole de Dieu, nous avons vu ce que fait la jalousie, ce que fait l’envie dans les familles, dans les communautés chrétiennes. Ce sont des attitudes négatives qui conduisent toujours à beaucoup de disputes, de divisions, voire à la haine. Nous l’avons vu dans le cœur de Saül vis-à-vis de David : il éprouvait cette jalousie au point qu’il voulait le tuer. Il ruminait son amertume dans son cœur, il insultait David parce qu’il croyait qu’il était son ennemi, et l’amertume grandissait dans son cœur. Malheureusement, ces pensées grandissent toujours lorsque nous les écoutons à l’intérieur de nous, et elles forment un mur qui nous éloigne de l’autre personne.
Mais aujourd’hui, la parole de Dieu nous fait voir une autre attitude : celle de David. Il savait très bien qu’il était en danger, il savait que le roi voulait le tuer - et il s’est trouvé dans la situation de pouvoir tuer le roi : ça aurait été la fin de l’histoire. Pourtant, il a choisi une autre voie : la voie du rapprochement. Il choisit de clarifier la situation et de s’expliquer, la voie du dialogue pour faire la paix.
Pour dialoguer, la douceur est nécessaire : il ne faut pas crier. Il est nécessaire aussi de penser que l’autre personne a quelque chose de plus que moi, et c’est ce que David pensait : Lui est consacré par le Seigneur, il est plus important que moi. L’humilité, la douceur… Pour dialoguer, il est nécessaire de faire ce que nous avons demandé aujourd’hui dans la prière au commencement de la messe : « se faire tout à tous ». Humilité, douceur, se faire tout à tous… Et même si ce n’est pas écrit dans la Bible, nous savons tous aussi que pour pratiquer ces choses-là, il faut avaler bien des couleuvres… Mais nous devons le faire, parce que c’est comme ça que la paix se réalise : par l’humilité, l’humiliation, en cherchant toujours à voir dans l’autre l’image de Dieu.
Dialoguer est difficile. Mais il est pire de tenter de construire un pont avec un adversaire en laissant grandir au fond de soi la rancœur à son égard. Dans ce cas-là, nous restons isolés, macérant dans le bouillon amer de notre ressentiment. Un chrétien au contraire a pour modèle David, qui est victorieux de la haine par un acte d’humilité.
Combien de problèmes se résolvent par le dialogue, en famille, dans les communautés, dans les quartiers : Écoute, pardon ! J’avais cru ça… En somme, s’humilier, toujours. S’humilier, c’est toujours faire un pont, toujours. Et c’est ça être chrétien. Ce n’est pas facile, non, ce n’est pas facile. Mais Jésus l’a fait : il s’est humilié jusqu’au bout et il nous a montré la route.
Et il est nécessaire de ne pas laisser passer trop de temps : quand le problème est là, le plus vite possible quand le moment se présente - une fois l’orage passé -, amorcer le dialogue. Parce que le temps qui passe fait grandir le mur, comme il fait grandir la mauvaise herbe qui empêche le bon grain de pousser. Et quand les murs grandissent, la réconciliation devient tellement difficile, tellement difficile !
Ce n’est pas un problème si de temps en temps, les assiettes volent - en famille, dans les communautés, dans les quartiers… L’important est de rechercher la paix le plus vite possible par une parole, un geste. Un pont plutôt qu’un mur - comme ce mur qui pendant tant d’années a divisé Berlin. Parce que notre cœur aussi peut devenir comme Berlin et être traversé par un mur qui nous coupe des autres.
J’ai peur de ces murs, de ces murs qui grandissent chaque jour un peu plus et qui favorisent le ressentiment, voire la haine. Pensons au jeune David : il était en son pouvoir de se venger d’une manière parfaite. Il était en son pouvoir de se débarrasser du roi, et il a choisi la voie du dialogue par l’humilité, la clémence, la douceur.
Aujourd’hui, pensons à demander à saint François de Sales, Docteur de la douceur, de nous donner à tous la grâce de bâtir des ponts avec les autres, et jamais des murs.


Homélie du vendredi 24 janvier 2014 (1 Sam 24, 3-21 ; Mc 3, 13-19)








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