De nos jours, alors que les
réseaux et les instruments de la communication humaine ont atteint
un niveau de développement inédit, nous ressentons la nécessité
de découvrir et de transmettre la “mystique“ de vivre
ensemble, de se mélanger, de se rencontrer, de se prendre dans
les bras, de se soutenir, de participer à cette marée un peu
chaotique qui peut se transformer en une véritable expérience de
fraternité, en une caravane solidaire, en un saint pèlerinage.
Ainsi, les plus grandes
possibilités de communication se transformeront en plus grandes
possibilités de rencontre et de solidarité entre tous. Si nous
pouvions suivre ce chemin, ce serait une très bonne chose, très
régénératrice, très libératrice, très génératrice
d’espérance ! Sortir de soi-même pour s’unir aux
autres fait du bien.
…
L’Évangile nous invite
toujours à courir le risque de la rencontre avec le visage de
l’autre, avec sa présence physique qui interpelle, avec sa
souffrance et ses demandes, avec sa joie contagieuse dans un constant
corps à corps. La foi authentique dans le Fils de Dieu fait
chair est inséparable du don de soi, de l’appartenance à la
communauté, du service, de la réconciliation avec la chair des
autres. Dans son incarnation, le Fils de Dieu nous a invités à la
révolution de la tendresse.
Aujourd’hui, nous sommes face
au défi de répondre adéquatement à la soif de Dieu
de beaucoup de personnes, afin qu’elles ne cherchent pas à
l’assouvir avec des propositions aliénantes, ou avec un Jésus
Christ sans chair et sans engagement envers l’autre.
Les formes propres à la
religiosité populaire sont incarnées, parce qu’elles sont
nées de l’incarnation de la foi chrétienne dans une culture
populaire. Pour cela même, elles incluent une relation
personnelle, non pas avec des énergies qui harmonisent,
mais avec Dieu, avec Jésus Christ, avec un saint :
ils ont un corps, ils ont des visages.
Que notre façon d’être avec
les autres soit une fraternité mystique,
contemplative, qui sait regarder la grandeur sacrée du
prochain, découvrir Dieu en chaque être humain, qui sait supporter
les désagréments du vivre ensemble en s’accrochant à l’amour
de Dieu, qui sait ouvrir le cœur à l’amour divin pour chercher le
bonheur des autres, comme le fait leur Père qui est si bon. Là
où se trouve un « petit troupeau » (Lc
12, 32), les disciples du Seigneur sont appelés à vivre
comme une communauté qui soit sel de la terre et
lumière du monde (cf. Mt 5,
13-16). Ne nous laissons pas voler la communauté !
…
Je désire demander spécialement
aux chrétiens de toutes les communautés du monde un témoignage
de communion fraternelle qui devienne attrayant et
lumineux. Que tous puissent admirer comment vous prenez soin
les uns des autres, comment vous vous encouragez mutuellement et
comment vous vous accompagnez : « À ceci tous
reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de
l’amour les uns pour les autres » (Jn
12, 35). C’est ce que Jésus a demandé au Père dans une
intense prière : « Qu’ils soient un en nous, afin
que le monde croie » (Jn
17, 21).
Evangelii Gaudium n°87, 88,
89, 90, 92, 99
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