L’évangile
de ce dimanche nous présente Jésus aux prises avec les sadducéens,
qui niaient la résurrection.
C’est justement sur ce thème qu’ils adressent une question à Jésus pour le mettre en difficulté, et ridiculiser la foi en la résurrection des morts. Ils partent d’un cas imaginaire - « Une femme a eu sept maris, morts l’un après l’autre » -, et ils demandent à Jésus : « À la résurrection, cette femme, de qui sera-t-elle l'épouse, puisque les sept l'ont eue pour femme ? » (Lc 20, 33).
Jésus,
toujours doux et patient, répond d’abord que la vie après la mort
n’a pas les mêmes paramètres que la vie terrestre. La vie
éternelle est une autre vie, dans une autre dimension où, entre
autres, il n’y aura plus de mariage - qui est lié à notre
existence en ce monde. « Les ressuscités, dit Jésus, seront
comme les anges », et ils vivront dans un état différent, que
nous ne pouvons pas expérimenter, et encore moins imaginer
maintenant. C’est ce qu’explique Jésus.
Mais
ensuite, Jésus passe pour ainsi dire à la contre-attaque. Et il le
fait en citant la Sainte Écriture, avec une simplicité et une
originalité qui nous laissent pleins d’admiration pour notre
Maître, l’unique Maître ! La preuve de la résurrection, Jésus
la trouve dans l’épisode de Moïse et du buisson ardent (cf.
Ex 3,1-6), là où Dieu se révèle
comme le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Le nom de Dieu est
lié aux noms des hommes et des femmes avec qui il se lie, et ce lien
est plus fort que la mort. Et nous pouvons le dire aussi du rapport
de Dieu avec nous, avec chacun de nous : Il est notre Dieu ! Il est
le Dieu de chacun de nous ! Comme s’il portait notre nom à nous.
Il lui plaît de le dire, et c’est ça l’alliance. C’est
pourquoi Jésus affirme : « Il n'est pas le Dieu des morts, mais des
vivants : tous vivent en effet pour lui. » (Lc
20,38). Et le lien définitif,
l’alliance fondamentale est celle avec Jésus : Il est l’Alliance,
Il est la Vie et la Résurrection, parce que son amour crucifié a
vaincu la mort. En Jésus, Dieu nous donne la vie éternelle, Il la
donne à tous, et tous grâce à Lui ont l’espérance d’une vie
encore plus vraie que celle-ci. La vie que Dieu nous prépare n’est
pas un simple embellissement de la vie actuelle : elle dépasse
notre imagination, car Dieu nous surprend constamment avec son amour
et sa miséricorde.
Par
conséquent, ce qui arrivera est justement le contraire de ce
qu’attendaient les sadducéens : ce n’est pas cette vie qui
est la référence de l’éternité, celle qui nous attend, mais
c’est l’éternité qui éclaire et donne espérance à la vie
terrestre de chacun de nous !
Si
nous regardons seulement à vue humaine, nous sommes portés à dire
que le chemin de l’homme va de la vie vers la mort : c’est
ce qui semble. Mais c’est seulement si l’on regarde à vue
humaine. Jésus renverse cette perspective et affirme que notre
pèlerinage va de la mort à la vie : la vie en plénitude !
Nous sommes en chemin, en pèlerinage vers la vie pleine, et cette
vie pleine illumine notre chemin. Et donc la mort est derrière, dans
notre dos, non pas devant nous. Devant nous se tient le Dieu des
vivants, le Dieu de l’alliance, le Dieu qui porte mon nom, notre
nom, comme Il l’a dit : “Je suis le Dieu d’Abraham, d’Isaac
et de Jacob”, le Dieu avec mon nom, avec ton nom, oui, avec ton
nom !... Avec notre nom. Dieu des vivants !… Devant nous, il y
a la défaite définitive du péché et de la mort, le commencement
d’un nouveau temps de joie et de lumière sans fin. Mais déjà sur
cette terre, dans la prière, dans les sacrements, dans la
fraternité, nous rencontrons Jésus et son amour, et ainsi nous
avons un avant-goût de la vie ressuscitée. L’expérience que nous
faisons de son amour et de sa fidélité allume comme un feu dans
notre cœur et augmente notre foi dans la résurrection.
En
fait, si Dieu est fidèle et qu’il aime, il ne peut pas l’être
pour un temps limité : la fidélité est éternelle, elle ne peut
pas changer. L’amour de Dieu est éternel, il ne peut pas changer !
Il n’est pas pour un temps limité : il est pour toujours ! Et il
va de l’avant ! Dieu est fidèle pour toujours et Il nous
attend, chacun de nous. Il accompagne chacun de nous avec cette
fidélité éternelle.
Angélus
du 10 novembre 2013
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