Marie, Mère de
l’évangélisation
Evangelii Gaudium
284. Avec l’Esprit Saint,
il y a toujours Marie au milieu du peuple. Elle était avec
les disciples pour l’invoquer (cf.
Ac 1, 14), et elle a ainsi rendu possible l’explosion
missionnaire advenue à la Pentecôte. Elle est la Mère de
l’Église évangélisatrice et sans elle nous n’arrivons pas
à comprendre pleinement l’esprit de la nouvelle évangélisation.
Le don de Jésus à son peuple
285. Sur la croix, quand le Christ
souffrait dans sa chair la dramatique rencontre entre le
péché du monde et la miséricorde divine, il a pu voir à
ses pieds la présence consolatrice de sa Mère et de son
ami. En ce moment crucial, avant de proclamer que l’œuvre que
le Père lui a confiée est accomplie, Jésus dit à Marie : «
Femme, voici ton fils ». Puis il dit à l’ami bien-aimé :
« Voici ta mère » (Jn
19, 26-27). Ces paroles de Jésus au seuil de la mort
n’expriment pas d’abord une préoccupation compatissante pour sa
mère, elles sont plutôt une formule de révélation qui
manifeste le mystère d’une mission salvifique spéciale.
Jésus nous a laissé sa mère comme notre mère. C’est
seulement après avoir fait cela que Jésus a pu sentir que «
tout était achevé » (Jn
19, 28). Au pied de la croix, en cette grande heure
de la nouvelle création, le Christ nous conduit à Marie.
Il nous conduit à elle, car il ne veut pas que nous marchions sans
une mère, et le peuple lit en cette image maternelle tous les
mystères de l’Évangile. Il ne plaît pas au Seigneur que l’icône
de la femme manque à l’Église. Elle qui l’a engendré
avec beaucoup de foi, accompagne aussi « le reste de ses
enfants, ceux qui gardent les commandements de Dieu et possèdent
le témoignage de Jésus » (Ap
12, 17). L’intime connexion entre Marie, l’Église et
chaque fidèle, qui, chacun à sa manière, engendrent le
Christ, a été exprimée de belle manière par le bienheureux
Isaac de l’Etoile : « Dans les Saintes Écritures, divinement
inspirées, ce qu’on entend généralement de l’Église, Vierge
et Mère, s’entend en particulier de la Vierge Marie […] On peut
pareillement dire que chaque âme fidèle est épouse du Verbe
de Dieu, mère du Christ, fille et sœur, vierge et mère féconde
[…] Le Christ demeura durant neuf mois dans le sein de Marie
; il demeurera dans le tabernacle de la foi de l’Église
jusqu’à la fin des siècles ; et dans la connaissance et dans
l’amour de l’âme fidèle, pour les siècles des siècles
».[212]
286. Marie est celle qui sait
transformer une grotte pour des animaux en maison de Jésus, avec
de pauvres langes et une montagne de tendresse. Elle
est la petite servante du Père qui tressaille de joie dans la
louange. Elle est l’amie toujours attentive pour que le vin ne
manque pas dans notre vie. Elle est celle dont le cœur est
transpercé par la lance, qui comprend toutes les peines. Comme mère
de tous, elle est signe d’espérance pour les peuples qui souffrent
les douleurs de l’enfantement jusqu’à ce que naisse la justice.
Elle est la missionnaire qui se fait proche de nous pour nous
accompagner dans la vie, ouvrant nos cœurs à la foi avec affection
maternelle. Comme une vraie mère, elle marche avec nous,
lutte avec nous, et répand sans cesse la proximité
de l’amour de Dieu. Par les différentes invocations mariales,
liées généralement aux sanctuaires, elle partage l’histoire de
chaque peuple qui a reçu l’Évangile, et fait désormais partie de
son identité historique. Beaucoup de parents chrétiens demandent le
baptême de leurs enfants dans un sanctuaire marial, manifestant
ainsi leur foi en l’action maternelle de Marie qui engendre de
nouveaux enfants de Dieu. Dans les sanctuaires, on peut
percevoir comment Marie réunit autour d’elle des enfants
qui, avec bien des efforts, marchent en pèlerins pour la voir
et se laisser contempler par elle. Là, ils trouvent la force
de Dieu pour supporter leurs souffrances et les fatigues de la vie.
Comme à saint Juan Diego, Marie leur donne la caresse de sa
consolation maternelle et leur murmure : « Que ton cœur ne se
trouble pas […] Ne suis-je pas là, moi ta Mère ? ».[213]
L’Étoile de la nouvelle
évangélisation
288. Il y a un style marial
dans l’activité évangélisatrice de l’Église. Car chaque
fois que nous regardons Marie, nous voulons croire en la
force révolutionnaire de la tendresse et de l’affection. En
elle, nous voyons que l’humilité et la tendresse ne sont pas les
vertus des faibles, mais des forts, qui n’ont pas besoin de
maltraiter les autres pour se sentir importants. En la regardant,
nous découvrons que celle qui louait Dieu parce qu’« il a
renversé les potentats de leurs trônes » et « a renvoyé les
riches les mains vides » (Lc 1,
52.53) est la même qui nous donne de la chaleur maternelle
dans notre quête de justice. C’est aussi elle qui «
conservait avec soi toutes ces choses, les méditant en son cœur »
(Lc 2, 19). Marie sait
reconnaître les empreintes de l’Esprit de Dieu aussi bien
dans les grands événements que dans ceux qui apparaissent
imperceptibles. Elle contemple le mystère de Dieu dans
le monde, dans l’histoire et dans la vie
quotidienne de chacun de nous et de tous. Elle est aussi
bien la femme orante et laborieuse à Nazareth, que
notre Notre Dame de la promptitude, celle qui part de son
village pour aider les autres « en hâte » (cf.
Lc 1, 39-45). Cette dynamique de justice et de
tendresse, de contemplation et de marche vers les
autres, est ce qui fait d’elle un modèle ecclésial pour
l’évangélisation. Nous la supplions afin que, par sa prière
maternelle, elle nous aide pour que l’Église devienne une maison
pour beaucoup, une mère pour tous les peuples, et rende possible la
naissance d’un monde nouveau. C’est le Ressuscité qui nous dit,
avec une force qui nous comble d’une immense confiance et d’une
espérance très ferme : « Voici, je fais l’univers nouveau »
(Ap 21, 5). Avec Marie,
avançons avec confiance vers cette promesse, et disons-lui :
Vierge et Mère Marie,
toi qui
es restée ferme près de la Croix
avec une foi inébranlable
et
a reçu la joyeuse consolation de la résurrection,
tu as réuni
les disciples dans l’attente de l’Esprit
afin que naisse
l’Église évangélisatrice.
Obtiens-nous maintenant une
nouvelle ardeur de ressuscités
pour porter à tous l’Évangile
de la vie
qui triomphe de la mort.
Donne-nous la sainte audace
de chercher de nouvelles voies
pour que parvienne à tous
le
don de la beauté qui ne se ternit pas.
Mère de l’Évangile vivant,
source de joie pour les petits,
prie pour nous.
Amen. Alléluia !
Donné
à Rome, près de Saint Pierre, à la conclusion de l’Année de la
foi, le 24 novembre 2013,
Solennité
de Notre Seigneur Jésus Christ, Roi de l’Univers, en la première
année de mon Pontificat.
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