24 novembre 2013

Du Pape François 18/11/2013

Évangéliser 

L'intimité de l'Église avec Jésus est une intimité itinérante ! Elle suppose une sortie de soi, une marche, et des semailles toujours recommencées, toujours au-delà : « Allons prêcher ailleurs, prêcher dans les villages voisins, parce que c’est pour cela que je suis venu », disait le Seigneur (Mc 1, 38).
Il est vital pour l'Église de ne pas s’enfermer, de ne pas se sentir satisfaite et sûre de ce qu'elle a atteint. Dans ce cas, l'Église tombe malade, malade d'une abondance imaginaire, d’une abondance qui l’encombre. Elle a une indigestion et elle s’affaiblit. Il faut sortir de sa communauté, et atteindre les périphéries existentielles qui ont besoin de sentir la proximité de Dieu. Dieu n’abandonne personne et il montre toujours sa tendresse et sa miséricorde inépuisables : c'est ce qu’il faut apporter à tous.
Un second point : toute activité pastorale est toujours guidée par l’élan missionnaire qui désire atteindre tout le monde, sans exclure personne et en tenant particulièrement compte de la condition de chacun - on doit atteindre tout le monde, et partager la joie d'avoir rencontré le Christ.
Il ne s’agit pas d’aller imposer une nouvelle obligation, comme celui qui reste dans le reproche ou dans la lamentation devant ce qu’il considère comme imparfait ou insuffisant. La tâche de l'évangélisation suppose beaucoup de patience, beaucoup de patience ! Elle suppose de prendre soin du bon grain, et de ne pas perdre la paix à cause de l'ivraie. Et elle sait aussi comment présenter le message chrétien avec sérénité, et progressivement, avec le parfum de l’Évangile, comme l'a fait le Seigneur. Elle sait privilégier, en premier lieu, ce qui est le plus essentiel et le plus nécessaire, c'est-à-dire la beauté de l'amour de Dieu qui nous parle dans le Christ mort et ressuscité. D’autre part, elle doit s'efforcer d’être créative dans ses méthodes : nous ne pouvons pas rester enfermés dans les thèmes du "on a toujours fait comme ça".
Troisièmement, celui qui dirige la pastorale dans l'Église locale c’est l'évêque, et il le fait comme le pasteur qui connaît ses brebis par leur nom, les guide avec proximité, tendresse, patience, en manifestant efficacement la maternité de l'Église et la miséricorde de Dieu. L'attitude du vrai pasteur, ce n’est pas celle d’un prince ou d’un simple fonctionnaire, principalement attentif à la discipline, au règlement, aux mécanismes organisationnels : cela conduit toujours à une pastorale loin des gens, incapable de favoriser et de réaliser la rencontre avec Jésus Christ, et la rencontre avec les frères. Le peuple de Dieu qui lui est confié a besoin que l'évêque veille sur lui, en prenant surtout soin de ce qui le tient uni et promeut l'espérance dans les cœurs.
Il faut que l'évêque sache discerner, sans le faire taire, le souffle de l'Esprit Saint qui va où il veut, pour le bien de l'Église et de sa mission dans le monde.
Quatrièmement, ces attitudes de l’évêque doivent pénétrer très profondément dans les autres agents pastoraux, tout spécialement les prêtres. La tentation du cléricalisme, qui fait tant de mal à l'Église en Amérique latine, est un obstacle au développement de la maturité et de la responsabilité chrétienne d’une bonne partie des laïcs. Le cléricalisme entraîne une attitude autoréférentielle, une attitude de groupe, qui affaiblit l’élan vers la rencontre du Seigneur - cette rencontre qui fait de nous des disciples -, et vers la rencontre avec les hommes qui attendent l'annonce.
Je crois donc qu'il est important, urgent, de former des ministres capables de proximité, de rencontre, qui sachent enflammer le cœur des gens, capables de marcher avec eux, d’entrer en dialogue avec leurs espoirs et leurs craintes, et ce travail, les évêques ne peuvent pas le déléguer. Ils doivent l’assumer comme quelque chose de fondamental pour la vie de l'Église, sans ménager leurs efforts, leurs attentions et leur accompagnement.
En outre, une formation de qualité requiert des structures solides et durables, qui préparent à relever les défis d'aujourd'hui et à pouvoir apporter la lumière de l'Évangile dans les différentes situations que vont rencontrer les prêtres, les consacré/es, et les laïcs dans leur action pastorale.
La culture d'aujourd'hui exige une formation sérieuse, bien organisée, et je me demande si nous sommes suffisamment autocritiques pour évaluer les résultats des tout petits séminaires qui manquent du personnel suffisant pour la formation.
Je veux dédier quelques mots à la vie consacrée. La vie consacrée est un ferment dans l'Église. Un ferment de ce que le Seigneur veut, un ferment qui fait grandir l'Église jusqu’à la dernière manifestation de Jésus Christ. Je demande aux consacrés/es, d’êtres fidèles au charisme reçu. Que dans leur service à la Sainte Mère l'Église hiérarchique, ils n’affadissent pas cette grâce que l'Esprit Saint a donnée à leurs fondateurs et qu’ils doivent transmettre dans son intégralité. Et c'est la grande prophétie des consacrés, ce charisme donné pour le bien de l'Église. Continuez dans cette fidélité créative au charisme reçu pour servir l'Église.
Chers frères et sœurs, faites connaître le Nom de Jésus. Et si vous faites cela, ne soyez pas surpris que des roses de Castille fleurissent en hiver… parce que vous le savez, Jésus et nous, nous avons la même Mère.1



Message aux participants du congrès sur la nouvelle évangélisation réunis au sanctuaire de Notre Dame de Guadalupe, du 16 au 19 novembre 2013



1 Allusion aux roses qui ont fleuri au mois de décembre sous le manteau de Juan Diego, suite à l’apparition de Notre Dame à Guadalupe au Mexique au XVI ème siècle.


Sur le même thème voici une vidéo du Pape François aux catéchistes : 

pour voir la vidéo -> VIDEO

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