Il est vital
pour l'Église de ne pas s’enfermer, de ne pas se sentir satisfaite
et sûre de ce qu'elle a atteint. Dans ce cas, l'Église tombe
malade, malade d'une abondance
imaginaire, d’une abondance qui
l’encombre. Elle a une indigestion et elle s’affaiblit. Il faut
sortir de sa communauté, et atteindre les
périphéries existentielles qui ont
besoin de sentir la proximité de Dieu.
Dieu n’abandonne personne et il montre toujours sa
tendresse et sa miséricorde inépuisables :
c'est ce qu’il faut apporter à
tous.
Un second
point : toute activité pastorale est toujours guidée par
l’élan missionnaire qui désire atteindre tout le monde, sans
exclure personne et en tenant particulièrement compte de la
condition de chacun - on doit atteindre tout le monde, et
partager la joie d'avoir rencontré
le Christ.
Il ne
s’agit pas d’aller imposer une
nouvelle obligation, comme celui qui reste dans le reproche ou dans
la lamentation devant ce qu’il considère comme imparfait ou
insuffisant. La tâche de l'évangélisation suppose beaucoup de
patience, beaucoup de patience ! Elle suppose de prendre
soin du bon grain, et de ne
pas perdre la paix à cause de l'ivraie.
Et elle sait aussi comment présenter le message chrétien avec
sérénité, et progressivement, avec
le parfum de l’Évangile, comme
l'a fait le Seigneur. Elle sait privilégier, en premier lieu, ce qui
est le plus essentiel et le plus nécessaire, c'est-à-dire la
beauté de l'amour de Dieu qui nous
parle dans le Christ mort et
ressuscité. D’autre part, elle
doit s'efforcer d’être créative
dans ses méthodes : nous ne
pouvons pas rester enfermés dans les thèmes du "on a toujours
fait comme ça".
Troisièmement,
celui qui dirige la pastorale dans l'Église locale c’est l'évêque,
et il le fait comme le pasteur qui
connaît ses brebis par leur nom,
les guide avec proximité, tendresse, patience, en manifestant
efficacement la maternité
de l'Église et la miséricorde
de Dieu. L'attitude du vrai pasteur,
ce n’est pas celle d’un prince ou d’un simple fonctionnaire,
principalement attentif à la discipline, au règlement, aux
mécanismes organisationnels : cela conduit toujours à une
pastorale loin des gens, incapable de favoriser et de réaliser
la rencontre avec Jésus Christ, et
la rencontre avec les frères.
Le peuple de Dieu qui lui est confié a besoin que l'évêque veille
sur lui, en prenant surtout soin de ce
qui le tient uni et promeut
l'espérance dans les cœurs.
Il faut que
l'évêque sache discerner,
sans le faire taire,
le souffle de l'Esprit Saint
qui va où il veut,
pour le bien de l'Église et de sa mission dans le monde.
Quatrièmement,
ces attitudes de l’évêque doivent pénétrer très profondément
dans les autres agents pastoraux, tout spécialement les prêtres. La
tentation du cléricalisme, qui fait tant de mal à l'Église en
Amérique latine, est un obstacle au développement de la maturité
et de la responsabilité chrétienne d’une bonne partie des laïcs.
Le cléricalisme
entraîne une attitude
autoréférentielle, une attitude de
groupe, qui affaiblit
l’élan vers la rencontre du
Seigneur - cette rencontre qui fait
de nous des disciples -, et vers la
rencontre avec les hommes qui
attendent l'annonce.
Je crois
donc qu'il est important, urgent, de former des ministres capables de
proximité, de rencontre, qui sachent
enflammer le cœur des gens,
capables de marcher avec eux, d’entrer en dialogue avec leurs
espoirs et leurs craintes, et ce
travail, les évêques ne peuvent pas le déléguer.
Ils doivent l’assumer comme quelque chose de fondamental pour la
vie de l'Église, sans ménager leurs efforts, leurs attentions et
leur accompagnement.
En outre,
une formation de qualité requiert des structures solides et
durables, qui préparent à relever les défis d'aujourd'hui et à
pouvoir apporter la lumière de l'Évangile dans les différentes
situations que vont rencontrer les prêtres, les consacré/es, et les
laïcs dans leur action pastorale.
La culture
d'aujourd'hui exige une formation sérieuse, bien organisée, et je
me demande si nous sommes suffisamment
autocritiques pour évaluer les
résultats des tout petits séminaires qui manquent du personnel
suffisant pour la formation.
Je veux
dédier quelques mots à la vie
consacrée. La vie consacrée est un
ferment dans l'Église. Un ferment de ce que le Seigneur veut, un
ferment qui fait grandir l'Église jusqu’à la dernière
manifestation de Jésus Christ. Je demande aux consacrés/es, d’êtres
fidèles au charisme reçu.
Que dans leur service à la Sainte Mère l'Église hiérarchique, ils
n’affadissent pas cette grâce
que l'Esprit Saint a donnée à leurs
fondateurs et qu’ils doivent
transmettre dans son intégralité.
Et c'est la grande prophétie des
consacrés, ce charisme
donné pour le bien de l'Église.
Continuez dans cette fidélité créative au charisme reçu pour
servir l'Église.
Chers frères
et sœurs, faites connaître le Nom de Jésus. Et si vous faites
cela, ne soyez pas surpris que des roses de Castille fleurissent en
hiver… parce que vous le savez, Jésus et nous, nous avons la même
Mère.1
Message
aux participants du congrès sur la nouvelle évangélisation réunis au sanctuaire de Notre Dame de Guadalupe, du 16 au 19 novembre 2013
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